Artiste Franco-Suisse, formé à l’École du Louvre de Paris, antiquaire, spécialisé dans les
arts décoratifs, il poursuit son apprentissage au sein d’ateliers de création de décors muraux,
puis développe ses premières activités artistiques personnelles aux USA.
De retour en France, il installe son atelier au cœur des Alpes, et réalise des œuvres
vibrantes et uniques. Amplitude libre ou arrêt mesuré, courbes ou lignes rythment ses
créations. Reliefs, tracés, superpositions et ruptures suspendent les rythmes du temps, et
impriment le mouvement.
Chorégraphe de la matière, Martin Berger puise son inspiration de la nature et de la
dynamique des gestes et du corps. Grâce à des procédés multiples, il invente de
nouvelles façons de mettre en œuvre ses pièces, qui sont autant d’aspects de son insatiable
curiosité à arpenter l’inconnu, tant humain que spatio-temporel.
Son travail abrite un regard ambivalent, entre esthétique et révélation de l’urgence de
considérer notre espace d’accueil, terre et être, comme primordial
C’est pour ouvrir le premier volume de ses « cahiers d’artistes » qu’Atelier Tortil présente TERRA, des tapis dessinés par l’architecte et designer Charlotte Biltgen qui puise son inspiration dans le
mystère d’un artisanat d’art né au Japon.
Interview par Serge GLEIZES
Comment est née cette collection?
Charlotte Biltgen : D’une rencontre. Je cherchais à créer depuis un an une ligne de tapis mais ne savais pas comment procéder. C’est alors que j’ai rencontré Jean-Pierre qui m’a aidé à développer cette idée, à l’interpréter dans une création textile.
Quelle est l’inspiration de Terra ?
Charlotte Biltgen : Le raku, une technique japonaise de cuisson de céramique à basse température qui donne naissance à de pièces émaillées dont les surfaces se craquellent et revêtent différentes
formes et tonalités.
Jean-Pierre Tortil : Le côté passionnant de cette rencontre résidait dans la vision de Charlotte lors de la présentation de ces dessins. Le challenge fut de retranscrire dans le textile les effets du raku, ses craquelures, ses nuances de couleurs et de lumière. Nos échanges nous ont conduit à développer les dessins dans trois dimensions, puis à les réaliser selon la technique du Hand Tuft, idéale pour rester au plus près de la vision de Charlotte et jouer librement sur les effets de textures, de dégradés de couleurs et de reliefs… Afin de jouer sur les effets de matière et de rendu, nous avons utilisés différents types de fils comme la laine, peignée, semi peignée, feutrée… du Tencel, du coton mercerisé, du sisal, ainsi que quelques fibres techniques comme le nylon baptisé Gleam.
Charlotte Biltgen : Pour cette collection, je me suis effectivement concentrée sur les effets de matière et de broderie, sur les reliefs engendrés par les différentes techniques de tapis que Jean-
Pierre m’a présentées. Un dessin fait main apporte une vibration particulière qui se ressent dans le tissage.
Une inspiration qui se retrouve également dans les noms des tapis ?
Charlotte Biltgen : Effectivement, pour les baptiser, on s’est inspiré de noms de volcans japonais Usu, Asama, Kazan, et donc de la synergie entre la terre et le feu, deux éléments qui évoquent le
raku, une matière vivante née de la fusion. Les trois tissages sont déclinés dans des couleurs minérales, kaolin, argile, bronze ainsi que dans une tonalité silex gris bleu. Ils pourront être de
forme carrée, rectangulaire ou même libre, afin de s’adapter à tout type de décor et de pièce.